Archive for March 2015

Et tant pis pour nos rêves (version française et version anglaise)   Leave a comment

…Et tant pis pour nos rêves*
Par
Maryse Noël Roumain

Première Partie

Je saignais. Je saignais abondamment. Par le bas ; et « ça » me coulait entre les jambes. Mes fibromes laissaient passer le liquide rouge et poreux, déchets de mes tumeurs éclatées. La douleur tenaillait mes entrailles et ma belle robe de coton blanche à boules noires, qui me rappelait celle de l’actrice Audrey Hepburn, était éclaboussée de sang.
Le gynécologue m’avait bien expliqué cependant :
– « Plus de bébés, Madame; vos fibromes sont trop nombreux. Si vous en aviez un ou deux, j’aurais pu les ôter…Mais là, il y en a décidément trop. Vous devrez vous défaire de votre utérus ».
Et devant mon regard désolé, mouillé de larmes :
– Vous avez déjà la paire…une fille et un garçon… »
Et, en effet, que voulais-je? Pourquoi tant tenir à un utérus qui n’en pouvait plus ?

Il avait pourtant attendu son tour pour boucler une place dans un avion à destination de Port-au-Prince, mon mari – cet ex-révolutionnaire de Mai 68 à Paris qui avait pris de l’âge et de la maturité politique, et qui était allé travailler pour un journal de droite où il rédigeait des articles sur la conjoncture, spéculait avec ses collègues sur les stratégies pour aller au-delà de l’impasse duvaliériste et assurait la correction des textes.
Dans l’avion, il était excité : il aimait l’idée de retourner dans son pays, une fois partis Duvalier-fils et son entourage. Tant que ces mangeurs voraces de communistes et de dissidents étaient au pouvoir, son père, qui avait été un dirigeant du Parti Socialiste Populaire dans les années quarante et cinquante, et qui avait fait la prison sous Duvalier-père, lui avait déconseillé de rentrer à Port-au-Prince. Le nom de mon époux, à ce qu’il disait, était sur une liste noire disponible à l’aéroport même. Et il serait refoulé une fois arrivé.

Assise à mon bureau dans la salle du City Collège, à Harlem, où j’avais logé mon modeste projet d’étude sur l’intelligence et le langage des enfants haïtiens à New York, je feuilletais avec nonchalance les pages des deux journaux Haïti Progrès et Haïti Observateur auxquels j’étais abonnée.
Haïti Progrès était un journal dit « de gauche ». Et, en effet, il se situait du côté des pays communistes et socialistes comme Cuba, le Nicaragua etc. Haïti Observateur était un journal dit « de droite ». Et, en effet, tout en se situant contre la dictature duvaliériste, il était opposé à des positions de la gauche, communiste ou socialiste.

De fait, les deux journaux avaient la même publicité pour un emploi en Haïti auquel j’aspirais : Il s’agissait de procéder à l’évaluation des petites écoles des quartiers pauvres en vue de leur apporter une assistance technique et une aide en matériel. Ce projet était financé par l’aide américaine à Haïti.

Digressons un peu : je veux vous raconter l’histoire de cet ami qui me laissait à chaque rencontre un goût d’inachevé.
Il avait l’art, à chaque fois, de faire en sorte que quelque chose ne se passe pas qui aurait pu se passer. Et pourtant, de mon côté, c’était la disposition totale, la disponibilité, l’appel, bref, le désir ; la recherche du réconfort…par la copulation, oui, c’est sûr.

Pourquoi lui ? Et pas quelqu’un d’autre ?
Je ne suis pas une grande lectrice de livres sur la sexualité, mais il me semble qu’on n’a pas épilogué longtemps sur le fait que les sentiments de confiance qu’on éprouve entre amis pouvaient déboucher sur le sexe… Et pourtant de l’amitié à l’amour il n’y a qu’un pas à franchir si on le veut bien et si les circonstances s’y prêtent.

La preuve en est que je m’étais réfugiée chez lui, dans sa petite chambre quand j’avais voulu me débarrasser de mon encombrante virginité.

Comment aurais-je pu imaginer que mon ami, ce beau et grand garçon, au long pénis en érection, ému par le désir de ma petite personne, n’avait pas encore fait l’amour ?

Il finit pourtant par me l’avouer :
– « fais de moi ce que tu veux », me dit-il, « prends-moi».
Et c’est ainsi que je retournai dans ma petite chambre à moi toute bredouille et immaculée.
Inachèvement, frustrations…Si j’avais le goût des conversations intellectuelles, je voulais aussi en cet automne qui s’annonçait excitant et humide, assumer mon corps par une jouissance que nulle masturbation ne peut procurer. Le bonheur n’était-il point à portée de la main ?

Plusieurs années plus tard. Mon ami – le même – m’appelle pour me demander de venir le chercher à l’aéroport JFK de New York. C’était en ce moment de ma vie que je raconte aujourd’hui.
J’ai voulu passer un moment avec lui à parler, à écouter du jazz dans un petit cabaret de Court Street à Brooklyn, boire du bon rosé en sa compagnie. Bien sûr, je n’ai pas pensé que comme la première fois, il laisserait inassouvi mon corps offert, livré, consentant…par je ne sais quelle magie chimique ou disponibilité psychologique. C’était, chez moi un feeling de non-transgression absolue ; c’était chez lui la peur inculquée du plaisir défendu.
Après le bar, le jazz et la bonne impression de Brooklyn qu’il en retient, me voilà qui le ramène chez lui dans le Queens dans ma petite Volkswagen blanche. Mais on peut tout aussi aller chez moi. J’ai besoin d’être consolée de ma solitude. Qu’on me serre contre soi, qu’on me caresse, qu’on me dise des mots chuchotés, qu’on me pénètre gentiment et qu’on me fasse monter au septième ciel. Et même si après la solitude reprenait ses droits, j’aurais le souvenir à chérir et ressasser sans cesse dans ma mémoire vagabonde.
Chez sa sœur, nous eûmes droit à du canard à l’orange et du bon riz aux pois rouges crevés. L’orgasme s’était enfui à toute vitesse, sans jamais me visiter, me laissant un goût d’inachevé…

Et, pour finir (si l’on peut dire), l’autre jour encore, n’avais-je pas pensé à lui…Moi qui pourtant me refuse et me dérobe…

Deuxième Partie
Dans l’Haïti d’après Bébé Doc, il y avait différents groupes qui se disputaient le pouvoir.
D’abord, de l’ancien régime, des militaires, des macoutes et des autres civils duvaliéristes. Ce groupe était armé, prêt à tout et ne reculait devant rien. Les incendies de marchés et d’églises, les massacres d’électeurs, les assassinats de candidats, les viols…ne lui faisaient pas peur. A l’approche des élections, ses adeptes s’étaient massés dans une maison à Pacot, un quartier du haut de Port-au-Prince, et ivres, drogués, ils avaient gagné les rues, attaquant à coups de machette tous ceux qui se trouvaient sur leur chemin.
Et c’est ainsi que le jeune Abel, le jeune frère de mon amie Rose, trouva la mort quand il croisa le groupe des « sans man man » du côté de l’école Roger Angla de. J’avais vu sa mère à la télé levant les bras au ciel et s’écriant sous le coup de l’émotion : « Dieu m’a pris mon fils. Ses desseins sont impénétrables. Que son nom soit béni ! ».
Ce groupe ne voulait pas moins que reprendre le pouvoir politique qu’il estimait lui revenir de facto avec la fin de la dynastie instaurée par Papa Doc.

Face à eux, il y avait les groupes de gauche, communistes, socialistes, partisans de la Théologie de la Libération regroupés dans les ti kominote legliz ou tkl, les militants des droits de l’homme et autres progressistes. A ces adeptes dont certains pratiquaient le « père lebrun », expression locale désignant le supplice du collier, la violence n’était pas non plus étrangère.

Il y avait aussi les représentants d’une position de compromis qui constituaient le centre démocratique ; ils cherchaient à se faire accepter par les militaires, mais voulaient aussi faire entendre raison à la gauche communiste et religieuse qui voulait occuper l’espace politique à elles seules…

Marc Bazin était de ce centre démocratique. On le disait être le représentant des politiques de la Banque Mondiale et du Front Monétaire International, organismes internationaux de financement et de contrôle monétaire, mais aussi le candidat des Américains, de la Bourgeoisie, des Militaires et des Duvaliéristes.

Marc Bazin fut sans doute le candidat à la présidence le plus diabolisé de notre histoire d’Haïti. Ce fut une tactique – réussie – de ses adversaires de gauche et autres pour l’isoler de la grande masse des électeurs.
On lui collait des étiquettes plutôt négatives pour ternir sa réputation et contredire le cheminement plutôt impressionnant et positif qu’il s’était fait aux Nations Unies et à la Banque Mondiale, notamment en Afrique où il avait contribué positivement.
Tout d’abord, et dans le contexte politique d’alors, c’était sans doute la pire des caractéristiques, il était présenté comme « le candidat des Américains » qui donc viendrait proposer et appliquer une nébuleuse politique pro-américaine en Haïti, les points de vue de Washington alors représenté au pouvoir aux USA par le Parti républicain et Georges Bush Père.

Le point de vue de ces faiseurs d’opinion et d’électeurs finit par s’imposer et il fut généralement admis que ce candidat de droite se proposait d’appliquer en Haïti le plan néolibéral du Front Monétaire International baptisé « remèd chwal », remède de cheval.
Fallait-il penser que Marc Bazin, pour sa part, s’il était arrivé à la présidence, livrerait notre pays et notre peuple pieds et poings liés aux politiques du FMI et de la Banque Mondiale, telles quelles, risquant le soulèvement de la gauche et la colère de la population et donc sa propre survie politique sans compter l’échec de sa politique économique et sociale ?

Toujours est-il que la lecture des textes de Mr. Marc Bazin, aussi bien ceux datant de la campagne électorale de 1990 que les écrits des années 2000 tendent à montrer une distance critique avec les politiques néolibérales préconisées par le FMI et appliquées par les gouvernements haïtiens depuis 1991. Dans ses différentes interventions écrites, il a défendu l’idée de négociations possibles avec les instances financières et monétaires internationales et d’un plan économique qui ne pénalise pas les plus vulnérables.

De fait, après l’écroulement – du moins dans sa partie visible – de la dictature duvaliériste, vieille de près de trente ans, la société haïtienne avait éclaté en dix mille morceaux et son replâtrage s’avérait impossible – même si cette Assemblée en rédigeant une nouvelle Constitution s’inscrivait dans le sens de nos rêves d’un renouvellement par la démocratie.
Il s’agissait d’instaurer une démocratie représentative en Haïti, devant commencer par des élections honnêtes sans la participation des duvaliéristes les plus notoires. Cela fait vingt-sept ans que nous essayons de la mettre en place cette démocratie sans qu’elle soit à chaque fois remise en question et qu’il faille recommencer ; cela ne voudrait-il pas dire que certains d’entre nous rêvions en couleur ?

Ils rêvaient sûrement les yeux ouverts ceux et celles qui pensaient en finir avec les macoutes…Les partisans du makout pa ladan l ; et même ceux qui pensaient les amener à la « raison » en essayant de préserver et la chèvre et le chou.

« The difference between a dreamer and a visionary », a dit Martin Luther King, Jr., dans son discours I Have a Dream “is that a dreamer has his eyes closed and a visionary has his eyes open.”
En Haïti, après le départ de Jean-Claude Duvalier et de sa famille, nous n’avons peut-être pas eu des attentes réalistes qui auraient pu se matérialiser dans l’immédiat, mais nous étions plutôt des visionnaires, nous aspirions à la démocratie, lente dans son cheminement mais durable…Nous la façonnons toujours cette démocratie vingt-huit ans après, dans une lutte de très longue haleine…une vraie révolution.
New York, le 15 janvier 2014.

On Dreams and Visions*
by
Maryse Noël Roumain

Part I

I was bleeding. I was bleeding profusely.
“It” came from my uterus and “it” ran me between the legs. My fibroids were letting through the red and porous liquid, waste from my broken tumors. The pain gripped my womb and my beautiful white cotton dress with black dots, which reminded me of that of the actress Audrey Hepburn, was splattered with blood.

The gynecologist had explained it to me:
– ” No more babies, Madame, your fibroids are too many. If you had one or two, I could remove them … But, there are definitely several ones. You must dispose of your uterus ”
And, reacting to my sad eyes, wet with tears:
– You already have the pair… a girl and a boy … ”
And , in fact, what is it that I wanted more? Why stay attached to a uterus that could no longer be?

Yet he had waited his turn to reserve a spot on a plane to Port -au- Prince, my husband – this ex -revolutionary of May 68 in Paris who had aged a bit and attained political maturity, and, had gone to work for a rightist newspaper where he wrote articles about the conjuncture, speculated with colleagues on strategies for moving beyond the impasse of the Duvalier regime and edited articles.

On the plane, he was excited: he liked the idea of returning to his country, after Duvalier-the-son and his entourage forcefully departed. When these voracious communist eaters were in power, his father, who was a leader of the Socialist People’s Party in the forties and fifties, and had been jailed under Duvalier-the-father, had advised him not to go Port -au- Prince. The name of my husband, as he said, was on a blacklist available at the airport. And he would be forced to return once arrived.


Sitting at my desk in the room at City College, in Harlem, where I had lodged my modest research project on intelligence and language of Haitian children in New York, I nonchalantly flipped the pages of two newspapers Haiti Progress and Haiti Observer to which I subscribed.

Haiti Progress was a “leftist” newspaper. And, indeed, it stood on the side of communist and socialist countries like Cuba, Nicaragua; Haiti Observer was a “rightist” newspaper; and indeed, while against the Duvalier dictatorship, it was opposed to the positions of the left, communist or socialist.

In fact, the two newspapers had the same ad for a job for which I opted to apply to go back to Haiti: as the job description stated, it was to proceed with the evaluation of small schools in poor neighborhoods to provide technical assistance and school equipment. This project was funded by U.S. aid to Haiti.

-Digressing a bit.
I want to tell you the story of that male friend who left me at every encounter a sense of unfinished…

He had the art, each time, to ensure that something was not happening that could have happened. Yet, for my part, it was total acquiescence, availability, attraction, in brief, desire and a yearning for comfort…by copulation, yes, sure.

Why him and, not someone else?

I am not an avid reader of books on sexuality, but I think we did not long epilogue to the fact feelings of trust between friends could lead to sex … Yet from friendship to love there is a short step if the circumstances are right.
The proof is that I had taken refuge with him in his little room when I wanted to get rid of my unwanted virginity.

How could I have imagined that my handsome and tall friend, with his elongated, erected penis, moved by the desire of my little person, had not yet made love?
Yet he finally confessed to me:
– “Make of me what you want,” he said, “make love to me.”

And so, I went back to my little room all mumbles and immaculate.

Incompleteness, frustration … If I had an inclination for intellectual conversations , I wanted in this Fall season that promised to be exciting and wet , to take my body to an enjoyment no masturbation can provide. Wasn’t happiness at hand?

Several years later, my friend – the same – calls to ask me to pick him up at JFK airport in New York. It was at this time of my life I am recalling today.
I wanted again to spend time with him to talk, listen to jazz in a small cabaret in Brooklyn, drinking good rosé in his company. Of course, I did not think he would leave unfulfilled, my body offered, delivered by consent … caused by some chemical magic or some psychological availability. It was in me a feeling of absolute non-infringement, it was, from his side, the fear of forbidden pleasure.

After the bar, the jazz concert and a good impression of the Borough, I drive him back to his home in Queens in my little white Volkswagen. But we could also go home. I needed to be comforted in my solitude. I needed for someone to hold me and caress me; to be told whispered words, to gently be penetrated and made to climb to seventh heaven. And, even if after, the loneliness was to resume, I could have the memories to cherish and dwell on constantly in my wandering mind.

At her sister’s that night, we ate Canard à l’Orange and rice with red beans. Orgasm had sped off without ever visit me, leaving me a sense of unfinished business (?)

And, finally, the other day, had I not thought about him again and called him …

Part Two
In Haiti after Baby Doc, there were different groups vying for power.
First, from the old regime, there were the Military, and the civilian duvalierist militia. This group was armed, ready for anything and stopped at nothing: markets and churches fires, voters’ massacres, assassinations of candidates, rapes … none of the above scared them. As we approach the elections, their followers had gathered in a house in Pacot, a district located at Port-au-Prince heights, and, drunken, drugged, they had taken the streets, attacking with machetes all who were on their way. And so, the young Abel, the younger brother of my friend Rose, was killed when he crossed the group of “no mamas” by Roger Anglade College. I saw his mother on TV raising her arms to heaven and crying filled with emotion: “God took my son. His designs are inscrutable. That his name be blessed! ” .

Facing them, there was left-wingers, communists, socialists, and supporters of Liberation Theology; regrouped in ti kominote legliz or tkl, activists of human rights and other progressives.

There were also representatives of a compromise position which constituted the democratic center, that sought to be accepted by the military, but that also wanted to reason with the communist and religious left who wanted to occupy the political space alone …

Marc Bazin was one of the leaders of the democratic center. He was said to be the representative of the policies of the World Bank and the International Monetary Fund but also the candidate of the Americans, the Bourgeoisie, the Military and the Duvalierists.

Marc Bazin is undoubtedly the presidential candidate most demonized in our history of Haiti. It was a tactic – successfully achieved – his opponents from the left used to isolate him from the mass of voters.

He was stuck with rather negative labels to tarnish his reputation and contradict the rather impressive work he had made at the United Nations and the World Bank, particularly in Africa where he had positively contributed.

Firstly, and in the political context of the time, it was probably the worst characteristics, he was portrayed as ” the candidate of the Americans” who would therefore propose and implement a nebulous pro-American policy in Haiti, views of Washington then represented in the USA by the Republican Party and George Bush Senior .

This view was not explained in detail by these opinion leaders and voters, but it eventually prevailed and it was generally accepted that the rightist candidate proposed to apply in Haiti the neoliberal plan International Monetary Fund referred to as “horse medicine”.

Should we think that Marc Bazin, for his part, if he came to the presidency, would betray our country and our people to potentially lifting the anger of the left and the general population and risking therefore his own political survival?

The fact is that the reading of texts Mr. Marc Bazin researched and published- both those dating back to the 1990 election campaign and the writings of the 2000s – tend to show a critical distance with neoliberal policies advocated by the IMF and implemented by Haitian governments since 1991. In various written statements, he defended the idea of possible negotiations with international financial and monetary institutions and an economic plan that would not penalize the most vulnerable.

In fact, after the collapse – at least in its visible part – of the Duvalier dictatorship, old of nearly thirty years, Haitian society had broken into a thousand pieces and patching proved impossible – even if the Assembly drafted a new constitution within the realm of our democratic dreams.

It was to establish a representative democracy in Haiti, to start with honest elections without the participation of the most notorious Duvalierists. For twenty -seven years that we try to implement this democracy doesn’t it mean that, some of us dreamt in color?

They were surely “dreaming with their eyes open” those who thought to do away with the macoutes … Supporters of the makout pa ladan l, even those who thought to bring them to reason in trying to preserve goats and cabbage.

“The Difference between a dreamer and a visionary,” said Martin Luther King, Jr., in his “I Have a Dream speech, ” is That a dreamer has his eyes closed and a visionary Has His eyes open . ”

In Haiti, effective with the departure of Jean- Claude Duvalier and his family, we may not have had realistic expectations that would be quick to materialize. We were purpose visionaries, we longed for democracy, slow to arrive … But enduring. We’re still waiting for it … a true revolution.

Posted March 18, 2015 by maryseroumain7 in Uncategorized

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