Archive for March 2012

LE RETOUR A LA SOURCE – CHAPITRE XXV   Leave a comment

VINGT-CINQ
Manhattan, en juin.
– Avez-vous du jus ?, demandai-je à la barmaid de la Dolce Vita, en la regardant dans les yeux.
– Jus d’oranges ou de framboises ?
– Jus de framboises

Ma fille, elle, commanda une bière blonde.

Nous sommes venues dans ce bar de la 13ème rue pour passer le temps car le cinéma ne commençait qu’à 5 heures 40 et nous étions en avance d’une heure.
Sur la route, je me suis arrêtée pour une pause, me sentant légèrement indisposée. La chaleur et l’humidité ont déjà raison de moi en ce début de juin. Dire que l’été n’est pas encore arrivé. Que voy hacer quand on sera rendu là ? Eviter les marches trops épuisantes, m’acheter un climatiseur, me mouiller les cheveux à l’eau froide ? Me tamponner le front avec une serviette mouillée, boire beaucoup d’eau…

Après Vous, un film français, c’est une histoire d’amour. Louis, le mélancolique, tombe en amour pour Blanche, la floriste, qui ensuite le plaque. Il ne s’en remet que grâce à un étranger qui l’empêche de se suicider et qui arrive à retrouver Blanche dont il tombe amoureux à son tour…

Manhattan offre des possibilités multiples et intéressantes pour ce qu’il s’agit de cinéma en cette fin de printemps. Après le festival du film de Tribeca il y a un festival du film africain et aussi un festival de cinéma international de Human Rights Watch. J’ai bien envie d’aller voir les derniers films de la Chinoise Alice Wu qui se passent à Flushing dans le Queens où j’habite.

Posted March 28, 2012 by maryseroumain7 in Uncategorized

LE Retour à la Source, Chapitre XXIII   Leave a comment

VINGT-TROIS
Le premier projet que je conçus à l’époque était la création d’un Institut Haïtien d’Etudes et de Recherche. Plus que tout autre chose, cette activité marquait mon retour à une vie intelligente, pleine d’espoir pour l’avenir.

En créant ce groupe, écrivais-je sur l’ordinateur que ma fille m’avait laissé, nous voulons développer nos efforts de réflexion pour générer et disséminer des informations et des idées sur Haïti et les communautés haïtiennes de la diaspora, dans le but d’adresser positivement les défis du 21ème siècle. Notre mission est d’entreprendre des recherches, d’éduquer et de servir.

Pour accomplir cette mission, l’Institut Haïtien d’Etudes et de Recherches organisera des conférences, des symposia et des séminaires à l’intention des étudiants et de la communauté et ainsi facilitera la participation d’experts à la discussion publique et à la formulation de politiques publiques. Cette activité contribuera grandement à l’enrichissement de l’expérience éducative offerte aux étudiants, aux professionnels et à la communauté. Elle contribuera aussi à promouvoir un plus grand nombre d’experts sur Haïti et sur les communautés haïtiennes. Nous publierons une Revue d’Etudes Haïtiennes, des livres de collaboration et des actes de colloques sur des thèmes et des sujets pertinents. Nous faciliterons les échanges entre experts et étudiants.

Cet Institut à but non-lucratif sera basé à New York et en Haïti, dans le cadre de l’Université et aura un Conseil d’Administration composé de 20 à 25 membres et constitué des professionnels qui s’intéressent à la recherche sur Haïti et les Haïtiens.

Pour créer l’Institut, je faisais une liste de professionnels en Haïti et aux Etats-Unis à contacter de même qu’un budget pour les deux premières années.

Cet Institut ne vit jamais le jour, bien entendu. Je rêvais en couleur. Le projet fut tué dans l’œuf faute d’appui.

Mais avec mon projet, j’étais bel et bien revenue à la vie.

Posted March 21, 2012 by maryseroumain7 in Uncategorized

LE RETOUR A LA SOURCE – CHAPITRES XXI ET XXII   Leave a comment

VINGT ET UN
J’avais passé plusieurs mois dans ce programme qui promettait la guérison par le travail. Je m’étais accrochée longtemps à l’espoir de trouver une activité rénumérée pour m’occuper et faire passer le temps qui me restait à vivre.

J’avais fini par comprendre qu’ils nous trompaient ou qu’ils avaient du mal à nous ré-insérer dans le monde du travail, nous, les anxieux, les paniqués, les sujets-à-dépression et qu’en fait une fois arrivés là, on se foutait bien de nous, de notre gueule et de notre destin.

Je commençais à y aller de moins en moins. La déception et un grand sentiment d’impuissance et d’échec m’envahissaient. C’était le début de ma dépression.

Ce matin là, je bondis hors de mon lit avec un intense sentiment de libération…
VINGT-DEUX
Ce fut en ce moment que débuta, je pense, le ressentiment de ma mère pour ma présence dans son appartement. De fait, par mon activité débordante, j’envahissais et lui disputais le peu d’espace qui n’appartenait qu’à elle. Quand j’étais une ombre palote, je ne la menaçais en rien même si elle éprouvait pour moi de la tristesse.

Maintenant que je voulais redevenir une personne débordant d’énergie mentale et physique, je l’agaçais et la dérangeait dans ses routines.

Ce furent d’abord mes facultés intellectuelles qui reprirent vie. Je me mis en effet à lire tout ce que je trouvais à ma portée : livres, journaux, revues, Haiti Observateur et les autres hebdomadaires haïtiens. Je suivais aussi à la télé les nouvelles, les débats politiques, les joutes électorales. Ma langue aussi se déliait et je commençais à pouvoir de nouveau tenir des conversations plus ou moins longues. J’avais des idées…Je recommençai même à avoir des projets…

Je m’imaginais aussi que je pouvais me mêler de faire la cuisine et mêmes des mets de ma création et de plus je procédais au rangement des affaires de ma mère dans les placards. J’allai même jusqu’à dénicher sa vaisselle neuve soigneusement emballée dans sa cachette et je voulais qu’elle s’en serve…à l’époque des fêtes…

Bref, je la dérangeais dans ses habitudes et étais plus présente dans l’appartement. Je m’activais. J’avais retrouvé de l’énergie.
– Il ne faut pas aller fouiller dans mes affaires.
– Je ne veux pas me servir de ma bonne vaisselle.

J’étais devenue trop active pour que ma mère me garde dans sa maison. Au fond, avait-elle jamais compris mon anxiété et ma dépression ? Ou me pensait-elle malade maintenant que j’étais de nouveau active ?

Posted March 14, 2012 by maryseroumain7 in Uncategorized

ON POST-BLACKNESS AND POST-FEMINISM par MARYSE NOEL ROUMAIN   Leave a comment

Post-Blackness and Post-Feminism
Par Maryse Roumain
Nous sommes le 9 mars. Au lendemain de la journée internationale de la femme, jour où elle veut revendiquer de façon particulière et spectaculaire tous les privilèges que procure l’égalité avec l’homme.

Mais si Touré (1) dans son dernier livre examine le « post-blackness », ne devrait-on pas par analogie réfléchir sur le « post-féminisme » ? Après tout, le monde bouge, il y a des problèmes qui demeurent inchangés et des inégalités qui sont mieux éclairées par les analyses plus profondes qui font d’elles à la fois des problèmes de genre que ceux de classe, de race, d’époque, d’individualité et j’en passe…

N’y a-t-il pas une façon « moderne » de poser la problématique de l’inégalité de la femme sans pour autant tomber dans sa négation ? Ne peut-on l’examiner dans toute sa complexité plutôt que d’en faire une différenciation simplifiée ?

Dans le temps, il me semblait que le problème de la femme pouvait se résumer et se comparer à l’oppression de l’homme et qu’il trouverait sa solution dans la lutte pour une société plus juste, plus égalitaire pour les hommes comme pour les femmes. Puis, je compris que les hommes, en conquérant leurs libertés, n’allaient pas pour autant reconnaître nos droits, nos luttes et notre participation et qu’ils voulaient au contraire confisquer tous les pouvoirs…J’admis difficilement que les femmes devaient mener leurs propres luttes, revendiquer leurs droits propres au sein de leurs propres organisations. Les féministes des années soixante l’ont bien compris, elles qui ont conquis de haute lutte la jouissance de leurs droits fondamentaux : droit de vote, droit au travail, droit à la compensation salariale, droit à la participation et au leadership politique, droit au plaisir et au divorce et j’en passe…
Il ne s’agit donc pas en pensant le « post-féminisme » de retourner aux attitudes de déni mais au contraire d’affirmer avec force la spécificité, la complexité et la séparation des problèmes de la femme et l’indépendance des luttes qui doivent aboutir à leur transformation.
Et si à côté de la généralisation et des stéréotypes, il existait aussi des différences individuelles sur lesquelles doive se reposer la pensée de l’oppression de la femme ? Et si en niant les problèmes spécifiques de la femme, on ne faisait que nier les différences, pour rassembler toutes les femmes sous l’étiquette LA femme ? Et si la lutte pour la libération de la femme devait se définir aussi dans le contexte de la lutte pour le respect de la différence ?

Posted March 10, 2012 by maryseroumain7 in Uncategorized

CHAPER XX: JE ME REVEILLE …APRES 7 ANS. SUITE DE MON RECIT: LE RETOUR A LA SOURCE   2 comments

VINGT

Par un beau matin ensoleillé de l’année 2001, je bondis miraculeusement hors de mon lit pour retourner à une vie active.

Ma dépression avait été sérieuse, clinique dirait un psychiatre, majeure dirait une psychologue clinicienne.

Une année, je suis restée six mois sans pouvoir me coiffer et la coiffeuse eut toutes les peines du monde à démêler mes cheveux crépus qui s’étaient entortillés. Et j’avais perdu toute énergie pour faire ma lessive ou même sortir de mon lit. J’étais, il me semble, restée 7 ans sans avoir une vie active.

Il ne faut pas, écrivent les chercheurs, confondre la dépression avec le « coup de blues » ou la « déprime » qui traduisent une tristesse passagère, normale, dans une situation difficile. La dépression clinique survient à la suite d’une perte ou d’un échec. Elle se manifeste par l’absence de « l’élan vital », par de l’inhibition, le manque d’énergie et de motivation. Le risque « évolutif » le plus grave de cette pathologie est le suicide.

Il y a bien sur des facteurs sociaux qui interviennent dans la dépression et qui la causent comme le chômage ou le divorce. Cette condition suit et/ou peut être accompagnée de troubles du sommeil, d’anxiété et de panique.

Je me reconnais bien dans cette description même si ma condition n’a jamais été accompagnée d’idées suicidaires. En fait, depuis la mort de mon père quand j’étais âgée de quinze ans, je trouve la mort injuste et je luis fais la guerre, une guerre acharnée, insidieuse et persistente…
Je reconnais bien cette « bile noire » qui me donnait une humeur sombre et le sentiment d’avoir échoué à tout jamais dans la vie alors que j’avais déjà accompli bien des choses…

Posted March 7, 2012 by maryseroumain7 in Uncategorized