Archive for January 2012

LE RETOUR A LA SOURCE – RECIT AUTOBIOGRAPHIQUE – CHAPITRE XIV   1 comment

QUATORZE
Après avoir été désolé de mon départ définitif, mon mari avait pris l’habitude de venir de temps en temps passer du temps avec moi et le reste de la famille, nos deux enfants, à New York. Nous en profitions pour aller dans les restaurants chinois à la recherche du poulet pimenté et des crabes au gingembre que nous mangeions à Paris au Quartier Latin. Le temps passé à Paris où nous nous sommes rencontrés nous avait profondément marqués.

Sans contact direct avec Haïti, l’esprit un peu embrumé du fait de l’anxiété et de la dépression, je ne comprenais pas grand-chose à la situation haïtienne. Il remettait pour moi les choses à leur place. (Je ne possédais pas d’ordinateur ou de radio à ce moment là.)
– « Préval a repassé le pouvoir à Aristide et s’est mis en réserve de la République dans la maison de son père à Marmelade, dans l’Artibonite. »
– Et Robert Manuel, qu’est-il devenu ?
– Il a démissioné et a été exilé en Amérique Latine.
– Les forces pro-démocratie et anti-Lavalas ont formé L’Espace de Concertation qui regroupe le PANPRA, le CONACOM, la KID, GENERATION 2004 et AYITI KAPAB. L’Espace de Concertation a joué un rôle dans la formation du nouveau gouvernement avec la participation de trois ministres aux Travaux Publics, à l’Environnement et à la Culture.
– Et Aristide ? On dit que le gouvernement de René Préval est un gouvernement de doublure…
– Je crois qu’on peut dire que Préval ne prend aucune décision importante sans consulter Jean-Bertrand Aristide.
– Il a mis fin au gouvernement de cohabitation…
– On a tiré sur la sœur de René Préval, Marie-Claude Calvin, que nous connaissions depuis Louvain. Elle était la secrétaire privée de son frère. Elle a du aller se faire soigner à Cuba.

Nous profitions pour aller voir des films car nous avons toujours aimé aller au cinéma. D’ailleurs, la première fois que nous sommes sortis, il m’avait enmené voir un film au Quartier Latin, je crois que c’était Easy Rider, et il m’avait donné en cadeau un livre de son oncle Jacques Roumain et un autre de l’écrivain et homme politique Jacques Stephen Alexis, je crois que c’était Compère Général Soleil ou était-ce plutôt Romancero aux Etoiles ?

Quand mon mari repartait, c’était le retour à une vie végétative, sans loisirs, sans discussions politiques véritables. Et puis, il revenait et nous recommencions ce qui était devenu une routine au fil des années :
– L’opposition s’est regroupée au sein de la Convergence Démocratique. Toutes les forces politiques sont là, sauf Lavalas.
– René Préval a repassé le pouvoir à Aristide. L’opposition a boycotté les élections.
– « Et la Communauté Internationale, quelle est sa position dans tout cela ?
– Elle a appuyé la lutte pour le départ d’Aristide et a orchestré la passation de pouvoir à Gérard Latortue, un ancien de l’Organisation des Nations Unies pour le Développement Industriel, ONUDI.
Et le temps passait.

Posted January 25, 2012 by maryseroumain7 in Uncategorized

LE RETOUR A LA SOURCE – CHAPITRE XI – UN NOUVEAU CHAPITRE TOUS LES MERCREDIS.   2 comments

ONZE
Les rapports entre ma mère et moi n’étaient pas aussi abîmés que lorsque j’étais plus jeune. Quand j’étais en plein dans mon adolescence, je lui en voulais de n’avoir pas été là quand mon père fut décédé – quoiqu’elle n’ait rien à y voir. Ayant été très attachée à mon père, la cicatrice ne s’était jamais complètement refermée.

La cohabitation avec ma mère allait me permettre de mieux la connaître et l’aimer et en même temps de faire l’expérience des limites de la compréhension et des sentiments qu’elle était capable d’avoir pour moi.

Pour sur, ma mère m’aimait comme elle aimait tous ses enfants.

Je lui devais en tout cas d’être venue passer quelques semaines avec moi, alors que j’étais en Haïti, et de m’y avoir expédié des valises pleines de victuailles de toutes sortes. Je lui avais montré Prosper Avril à la télé en lui demandant :
– Tu crois qu’il instaurera la démocratie en Haiti ?
Elle avait répondu en le regardant très longuement :
– Je ne crois pas. Il a tout l’air de vouloir le pouvoir pour lui-même.

Nous eumes, chez elle à New York, amplement le temps de discuter, surtout le matin, quand la télé était encore fermée.

Nous parlâmes de bien des choses quoique je ne me souvienne pas précisément desquelles :
« Tu es née un 7 aout à 7 heures du matin. Ce fut une sage-femme qui t’accoucha, le docteur n’était pas en ville. Pour les autres bébés, ce fut le docteur Théard et pour ta sœur Gina qui est venue après toi, ce fut le docteur Louis-Jacques qui était l’ami de la famille.

Tu étais mignonne et précoce. Tout le monde t’adorait y compris ma sœur Livie qui, à l’époque, habitait avec moi. Elle te cajolait sans cesse. Son amie Denise chantait pour toi une chanson de sa création : « une belle petite fille comme çà » ; elle chantait aussi : « …ma petite Mamaille, elle est si gentille que tout le monde l’aime… Sur l’air de Au Clair de la Lune. »

« Quand tu eus 7 ans, j’entrepris moi-même de t’enseigner le catéchisme afin de te préparer pour ta première communion. Les autres filles de ta classe étaient plus âgées que toi. Tu étais très belle ce jour-là. J’ai encore la photo avec ta belle robe blanche brodée et tes jolies boucles. »

Et le temps passait.

« Tu n’avais pas d’amies. Sauf tes cousines, avec qui tu allais jouer parfois. Quand tu eus huit ans, c’est moi qui te fis rencontrer la fille de mon amie Fifie qui avait le même âge que toi. Elle devint ta meilleure amie. Je t’introduisis aussi auprès de Suzon, la fille de mon amie de Cavaillon, Thérèse. Elle aussi devint ton amie. Les deux venaient souvent te voir à la maison. La fille de Fifie, Nicole, était aussi très intelligente. Elle aussi était souvent, comme toi, la première de classe. »

« Quand tu complétas tes classes primaires, tu me demandas si tu pouvais la suivre chez les sœurs de l’Externat St Joseph pour ton secondaire. Je dis oui. Sinon, tu aurais fait ton brevet comme les autres. »

« L’Externat St Joseph n’arrivait qu’en classe de seconde. Tu passas une année au lycée public. C’est moi qui t’envoyai au Centre d’Etudes Secondaires, une école privée, à Port-au-Prince pour y compléter tes études jusqu’à la classe de Philosophie. Tu étais très intelligente. »

Et les années passaient.

Posted January 11, 2012 by maryseroumain7 in Uncategorized

LE RETOUR A LA SOURCE – CHAPITRE DIX – UN NOUVEAU CHAPITRE TOUS LES MERCREDI – SUR CE BLOG   Leave a comment

DIX
Arrêtons-nous un instant sur cette condition de claustrophobie pour voir si elle correspondait bien à ma situation.
Le Net m’inspire cette définition qui semble bien adaptée à mon cas mais que je prends quand même avec un grain de sel du fait de sa connexion à une seule école de pensée:
« La claustrophobie se développe quand l’esprit fait l’association selon laquelle les petits espaces traduisent un danger psychologiquement imminent. Cela se produit généralement à la suite d’une expérience traumatique passée, comme être coincé dans un endroit sombre ou dans des espaces confinés. Ces deux causes de claustrophobie rejettent tous deux l’idée largement répandue que la claustrophobie est une maladie génétique.

En fait, la claustrophobie est une réponse conditionnée à un stimulus. Elle résulte quand un individu associe une quantité énorme d’anxiété et une attaque de panique avec un espace confiné. Cet événement, l’espace confiné, sert de déclencheur ou de stimulus et est programmé dans le cerveau. »

L’espace confiné dont il est question, c’était dans mon cas le studio que j’habitais et la vie que j’y menais qui, après l’expérience « traumatisante » des trois premiers mois, s’étaient transformés en un stimulus « déclencheur » qui provoquait chez moi des réponses d’anxiété et de panique.

Le studio n’était pas si confiné qu’on le dit, en fait il était plus grand que d’autres studios, ayant une chambre séparée, mais j’ai du vivre cette expérience comme un enfermement. En dehors de ma famille, je n’avais aucune relation sociale.

L’anxiété, c’est un état d’appréhension, de peur, d’angoisse, un état d’alerte qui était chez moi accompagné de palpitations et qui aboutissait à des attaques de panique, condition encore plus grave, redoutée, d’être au bord de la déstructuration totale, de la perte de contrôle de soi, bref…de la folie.

Ma thérapeute bien évidemment avait du mal à me soulager de cette condition qui était due à mes traumatismes passés et présents, à des conditions objectives de vie.

– « En fait, vous n’allez pas devenir folle. Mais ce n’est pas agréable. Si vous avez une attaque de panique, vous allez avoir très peur. »
– « On n’y peut rien. On peut vous donner des médicaments. Mais surtout, il faudrait éviter les environnements et les expériences qui provoquent l’anxiété. »

Comment éviter d’être déprimé quand on est en chômage à quarante-huit ans ? Comment l’éviter si à cet åge on vit en studio avec sa mère ? Comment accepter de vivre sans son compagnon de vie ?

(UN NOUVEAU CHAPITRE TOUS LES MERCREDI A PARTIR DE LA SEMAINE PROCHAINE).

Posted January 6, 2012 by maryseroumain7 in Uncategorized